20/11/2017

Pablo Servigne

 
Source image : www.http://revolution-lente.coerrance.org/

Pablo Servigne se place à la jonction de plusieurs disciplines, il les interconnecte et nous montre que tout est lié. Fini les hyper spécialistes qui font tourner des modèles théoriques uniquement valables sous conditions restrictives ! Pablo fait le lien, il lève les volets et fait regarder ce qu’il se passe à l’extérieur de la pièce. La rencontre des différentes disciplines les fait progresser, se compléter, elles deviennent plus réalistes, apprennent à intégrer les autres pour mieux comprendre le monde. Sur son site internet www.pabloservigne.com, de nombreux documents qu’il a publiés [1] viennent toucher des domaines variés (agriculture, transition, effondrement, entraide, etc.). La clarté indiscutable qui en découle devient une mine d’informations pour comprendre ce qui suit.

 
Source image : http://adrastia.org/next-montfort/

Dans son livre « comment tout peut s’effondrer » [2 et 3], écrit avec Raphael Stevens, les auteurs nous amenaient à réaliser que l’effondrement de notre société basée sur une énergie peu chère et abondante arrive car nous atteignons les limites physiques de la planète. A cela vient s’inviter le réchauffement climatique, qui amplifie la vague déferlante. Nous voyons les deux compères discuter avec beaucoup de profondeur dans une websérie intitulée [NEXT] de Clément Monfort [4], qui part à la rencontre des spécialistes de l’effondrement. Dans le n°123 d’Imagine demain le monde [5], le sujet est également sur la table, encore sous la plume de Pablo et pas uniquement. Une prise de conscience générale s’installe progressivement. Petit à petit, mais pas assez vite, la lumière passe d’une personne à l’autre comme on allume la bougie de la personne à côté de nous, pour qu’à la fin, la masse éclaire complètement.

 
Source image : https://www.cncd.be/Imagine-demain-le-monde-no123

Pourtant, admettre que nous sortons véritablement de la route ne se fait pas sans douleur. Une fois la prise de conscience acquise, il est impossible de revenir en arrière. Benjamin Wattelet (en compagnie de Pablo) nous l’explique clairement lors d’une très bonne conférence [6] sur l’effondrement. Psychologiquement, l’acceptation de ce qui nous attend relève du deuil, et des phases d’engouement se succèdent aux phases moins fastes. Cela est normal et fait partie de la démarche. Il suffit de l’accepter. Nous sommes humains après tout !
Et alors, on fait quoi maintenant ? Pablo nous propose « L’entraide » comme « Autre loi de la jungle » dans son dernier livre avec Gauthier Chapelle [7]. Il y démontre que la coopération est toujours plus efficace que la compétition individuelle. A fortiori dans des situations difficiles, il a été constaté que les hommes sont amenés à se soutenir et non à sombrer dans la barbarie ; leur état de choc ne leur permettant pas de recourir instinctivement à la violence. L’instinct les encourage plutôt à se placer en sécurité et non à s’exposer davantage. Étant donné que la transition peine à s’installer, que le développement durable est une hérésie en retard de 40 ans, nous devons dès maintenant nous préparer collectivement et localement à subir le choc.

 
Source image : http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-L_Entraide-9791020904409-1-1-0-1.html

Ces arguments confortent l’idée que l’effondrement inéluctable sera difficile, mais qu’une nouvelle société en naîtra. Les rapports entre les hommes seront modifiés, beaucoup plus coopératifs. Il n’y aura pas le choix et cela se fera naturellement (comme le démontre ce livre). Le survivaliste a beau se préparer, en définitive il sera tout seul. Il ne pourra pas s’émanciper plus loin qu’aux limites de ses capacités. Ceux qui font le choix de la coopération seront certes moins autonomes individuellement, mais y gagneront par la présence et l'aide des autres. Concevoir un futur désirable (quoique difficile à vivre) aide à son acceptation. En tout cas, la somme de documents que Pablo Servigne écrit vont en ce sens et me soutiennent au quotidien. A chaque nouvelle lecture je me sens un peu plus éclairé mais un peu plus dans l’appréhension ; je me recentre alors sur le côté positif (et utopique ?) d’un avenir dé-invidualisé. Un monde bâti sur du lien et de l’entraide, du soutien mutuel qui donne envie d’y être déjà malgré tout. Savoir qu’on ne sera pas seul et qu’on se serrera les coudes est en soi réjouissant. Vous ne trouvez pas ?

Références :
[1] https://pabloservigne.com/themes-de-recherche/