02/12/2016

Qui gouverne le monde ? L'état du monde 2017




Qui gouverne le monde ? Bonne question. Le livre présenté ici rappelle à quel point la réponse est complexe, tant les dominations sont diverses selon l'endroit du globe concerné et ses racines. Cet ouvrage collectif sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal propose l'état du monde 2017, paru en 2016 aux éditions La Découverte. Familles puissantes, religions, États et économie pressent les peuples sous des formes qui leur sont propres, les contraignent à l'implication, sinon à devenir des rejets idéologiques.
Le livre nous rappelle que la dette, les énergies, les multiples infrastructures, les multinationales, le lobbying et les médias, sont autant d'outils, de vecteurs, à la disposition des pouvoirs qui s'expriment, afin de conserver l'état de coercition ; tuant dans l’œuf toute émergence de réelle (r)évolution.
Un état planétaire est ensuite établi : Proche-Orient, Russie, Iran-Turquie, Chine, Grèce, etc. et permettent de décrypter certains conflits, certaines manœuvres géopolitiques qui ne sont pas nécessairement faciles à cerner, voire inconnues pour ma part. Sur la trentaine de chapitres proposés dans l'ouvrage, seuls deux m'ont semblé plus difficiles à comprendre (écrits dans un style plus austère), mais l'ensemble est toutefois une lampe puissante et solide, éclairant un monde aux reflets obscurs, loin des solutions complotistes.

25/11/2016

Tryo - Vent debout


Dans un style reconnaissable parmi tant d'autres et presque habituel, Tryo offre un nouvel album bien engagé : Vent debout (2016). L'effort musical paraît moins aventurier que sur les précédents opus, mais la formule fonctionne et est bonne. On remarque toutefois que les voix sont plus travaillées, les trois chanteurs appuyant aux endroits stratégiques des textes pleins de sens. L'hommage à Paul Watson est un petit bijou entêtant, la société de consommation en (re)prend un coup dans "obsolète" et la coupe du monde de football prévue au Qatar en 2022 est affligée d'un "carton rouge". L'engagement pour la défense environnementale est à nouveau présent dans "sauvage" et "2050-2100" ; les dérives autoritaires et chauvines également dans "on vous rassure" et "rassurer Finkielkraut". Enfin, un morceau amusant "Américain" parle de la mondialisation insidieuse des mœurs et coutumes.
13 titres à l'écoute sympathique et au fond profond, voilà ce que Tryo est encore capable d'apporter aujourd'hui.

15/10/2016

Le syndrome de la bouilloire

Notre société est atteinte par ce que j'appelle le "syndrome de la bouilloire" (mais peut-être existe-t-il un terme plus répandu pour qualifier cela). Un reportage visionné récemment me rappelle l'existence d'une telle pathologie, et me donne l'occasion de partager quelques liens.
Tout d'abord, le documentaire en lui-même, a été glané fortuitement sur la toile en voulant découvrir des livres écrits par Bernard Bertrand (dont j'ai déjà partagé le génie du sol vivant). Réalisé pour la télévision suisse, ce film est la biographie d'un dénommé Kim Pasche et il m'a captivé dans son entièreté (lien). Une découverte surprenante d'un homme atypique qui s'intéresse aux gestes premiers, dont la primauté revient à nos ancêtres du paléolithique. L'homme en question, à la voix posée et au discours fort intéressant, a été filmé lors de son immersion totale dans la nature (mais pas que) ; démontrant une survie possible et une parfaite autonomie en connaissant et pratiquant un éventail de techniques primitives. Ses impressions sur des gestes de base axés sur les besoins essentiels, s'opposent obligatoirement à la complexité de notre société moderne (que ce soit techniquement ou dans son organisation), inondée par ailleurs de superflus.
Si l'on veut, à cet instant, faire la transition vers le "syndrome de la bouilloire" : l'homme moderne ne se rend même plus compte qu'en appuyant sur le bouton de celle-ci tous les matins pour amener l'eau à ébullition, la méga-machinerie dissimulée est incroyablement complexe. Je m'explique : il faut un fabricant de bouilloires (dont les matières premières ont été extraites de la terre puis traitées chimiquement ou bien synthétisées à partir du pétrole), la relier au réseau électrique du domicile, lui-même relié au réseau de distribution d'électricité, alimenté principalement par des centrales nucléaires, nécessitant une technologie de pointe mais aussi l'acheminement lointain d'uranium, etc... Je m'arrête car lorsqu'on commence à débobiner le fil, on ne voit décidément pas l'autre bout. Alors que, simplement (on l'avait oublié), on peut faire bouillir de l'eau en utilisant des branchages morts. Sans aller jusqu'à l'ignition par frottements comme dans le documentaire, j'ai pris l'exemple d'un mini rocket stove que j'ai installé chez moi (photo ci-dessous, confection expliquée dans cette vidéo, mais les variantes sont nombreuses).
Bien entendu, la fabrication des briques rentre dans un processus complexifié, mais nettement moins sophistiqué que le circuit électrique précédemment cité. D'autant que ces briques peuvent être récupérées. J'utilise régulièrement ce petit four pour faire de la cuisine (cuisson de pomme de terres, faire bouillir de l'eau, etc...) et cela fonctionne avec succès en utilisant de vieilles brindilles de bois mort. La multitude de rockets est impressionnante (selon les aptitudes de chacun), voici quelques idées 1, 2, 3 ; il n'y a que l'embarras du choix selon ses matériaux de récupération et sa future utilisation, sans compter la touche personnelle que chacun peut apporter à son rocket.
Un autre registre maintenant, celui du médicament. Il est dommage de s'orienter vers le traitement chimique systématique d'un symptôme, particulièrement pour ce qui relève des "tracas du quotidien". Là encore, si l'on en prend une vue globale, la complexité du système de santé est incroyable ; alors que le repos et l'utilisation de plantes a fait ses preuves depuis des générations (bien qu'on veuille nous faire avaler le contraire). Les herboristes reviennent, et sont des sources incroyables d'enseignements sur ce sujet. Je conseille également de consulter lepetitherboriste.net. Ce site sobre et bien fait est organisé par plante (que soigne-t-on avec telle plante et comment l'utiliser ?) et par affection (j'ai tel souci de santé, quelle plante est le mieux à même de me soigner ?) ; et offre une mine d'autres informations. Un fichier pdf de 150 pages a également été édité pour consulter l'ensemble des plantes référencées par le site. Avant d'aller en quête de plantes sauvages (au risque de se tromper ou de contribuer à la disparition d'une espèce), l'idée est probablement de commencer à cultiver sa trousse à pharmacie en balconière ou dans son jardin, et en commençant par des plantes simples nécessitant peu d'attention (thym, camomille, sauge, menthe, bourrache, etc...) puis de se tourner vers le connaisseur ou l'herboriste le plus proche.

Lorsque nous prendrons le temps de nous focaliser (un peu plus) sur l'essentiel, en connexion avec les éléments, la nature ; et en retrouvant des pratiques économes, durables, et pourquoi pas en les réinventant, notre rapport au monde – au TEMPS – et à l'environnement prendra une autre dimension dans notre existence. Un retour en arrière ? Tenterons de critiquer certains. Mais pourquoi ne pas le faire de façon ciblée et choisie ? Il n'y a aucun mal à cela.

07/10/2016

La ville d'Albi en route pour l'autosuffisance alimentaire ?

Merci à des amis qui m'ont suggéré de visionner cette perle de 5min. Dans l'émission Silence ça pousse, un (trop) court reportage sur la ville d'Albi (début à 20min55) qui entreprend de devenir autonome sur le plan alimentaire. Bravo et bon courage pour ce beau projet.

23/09/2016

Retour à la terre - Silvia Pérez-Vitoria sur France Culture

En mai 2014 je partageais un essai de Silvia Pérez-Vitoria : les paysans sont de retour. Invitée récemment sur France Culture dans une superbe émission de 52min (lien ici), elle expose son argumentation sur le modèle agricole à suivre afin de relever le défi d'une alimentation saine, éthique, suffisante, économique viable et écologique.

10/09/2016

Saison brune - Philippe Squarzoni

Je ne m'étais jamais vraiment intéressé à la BD "adulte". Je ne l'avais d'ailleurs pas envisagée sous cet angle. Le raccourci que j'avais en tête confondait BD et histoires légères – sans aucune critique négative – (Astérix, Tintin, Boule et Bill, etc.) et souvent en amalgamant BD et humour.
Puis, il y a quelques temps, des amis m'initièrent aux BD fantasy, plongées dans des mondes fantastiques qui affirmèrent ma fascination pour ces artistes capable d'élaborer tout un univers, des histoires incroyables aux scénarios complexes. Je constatai toutefois, sans réelle surprise, que la BD était elle aussi touchée par un commerce lucratif, dans lequel de grands dessinateurs et scénaristes signent avec de grandes maisons, afin d'inonder le marché de séries en pagaille, plus ou moins réchauffées, franchement refroidies, maintes fois recuites, dans un étalage de tomes interminables ayant pour unique cible les portefeuilles.
C'est alors qu'un cousin me fit découvrir cet album, objet du billet, Saison brune de Philippe Squarzoni, publié en 2012 aux éditions Delcourt. Là, je dois avouer que j'ai mesuré parfaitement le potentiel de la bande dessinée. L'album retrace l'enquête que l'auteur a mené durant 6 années afin de comprendre le réchauffement climatique. L’œuvre mêle les entretiens qu'il a tenu avec des experts, et les interrogations que ceux-ci ont suscitées en lui-même. Comment passer "de l'ignorance à la schizophrénie" comme il l'écrit si bien, sentiment que je partage. La recherche documentaire fouillée étaye le propos et les détails ne manquent pas. L'information sur le sujet n'est pas survolée, ce qui en fait une somme illustrée très pédagogique. Le trait est simple et sobre, sans fioritures, en noir et blanc ; ponctué de métaphores visuelles très efficaces.
On ne pourrait reprocher que le côté légèrement dépressif laissé à la fin (c'est parfois le goût amère que laisse la réalité), choix que l'auteur justifie dans les dernières pages. Ce sentiment n'affectera cependant que brièvement les personnes aguerries du sujet.
Cette BD (et LA BD) est donc un vecteur parmi d'autres qui pourra interpeller les amateurs d'images à bulles (mais aussi les autres). Plus précisément cet album, pour comprendre le réchauffement climatique, ses causes et ses conséquences.

08/08/2016

Le jour du dépassement de la Terre

Une infographie parue sur lemonde.fr qui présente le "jour du dépassement de la Terre". C'est lu, relu, connu et reconnu mais il est important de le rappeler. Cette infographie très pédagogique permet d'atteindre un large public (pour le moins qu'il la lise). Chaque année, la date est de plus en plus précoce...

24/07/2016

Frédéric Héran - Le retour de la bicyclette

 
Voilà un moment que j'avais posté quelque chose sur le blog, alors voici un essai de Frédéric Héran sur "le retour de la bicyclette" (éditions La Découverte), avec pour complément de titre : une histoire des déplacements urbains en Europe de 1817 à 2050. Ce livre très intéressant retrace l'histoire de l'invention du vélo jusqu'à sa démocratisation, puis sa sortie de route avec l'arrivée encombrante du tout automobile. L'auteur nous explique également comment après le 1er choc pétrolier certains pays européens ont fait le choix de remettre la population en selle, contrairement à d'autres comme la France qui ont fait le choix du "tout-moteur" (2 et 4 roues).
Sur l'état actuel de la situation, la France se retrouve donc en queue de peloton quant à la redémocratisation nécessaire de la bicyclette (pour des raisons de santé, d'écologie, d'économie, avec la fin imminente du pétrole, etc.) ; manquant cruellement d'infrastructures et ayant rendu le pays tout entier dépendant à la motorisation.
En fin d'ouvrage, un chapitre hors histoire expose de façon fournie les avantages et les plaisirs à se déplacer en deux roues – surtout en ville – puis une belle perspective à l'horizon 2050 est proposée, de gré ou de force pour les raisons fournies plus haut dans cet article.

Conquis par la qualité de la documentation, de l'optimisme joyeux échappé par ce défenseur de la petite reine, je me devais de partager ce livre ; tout en ayant la certitude qu'il changerait le regard que la société porte sur ses modes de déplacement et son hyper mobilité.

09/05/2016

L'âge des low tech - Philippe Bihouix


Même si la technique employée par la bêtise humaine n'a pas (encore) atteint le niveau caricatural du diable l'emporte de René Barjavel, il est bon ton de la remettre un peu à sa place et d'en garder la maîtrise. Dans le roman d'anticipation de l'écrivain français, chaque nouvelle découverte scientifique, suivie d'une mise à disposition technique est là pour contrecarrer les effets indésirables de la précédente, mais finalement conduit à la perte de l'humanité et la destruction de la Terre. Écrit en 1948, il faut y voir à coup sûr une critique de l'arme atomique, du nucléaire de façon générale. Et bien que cette "avancée" ne nous dépasse pas tout à fait aujourd'hui – quoiqu'on peut constater le contraire lorsqu'on voit les conséquences ingérables de Tchernobyl et de Fukushima – la prochaine catastrophe pourrait bien nous précipiter dans le ravin sous les flammes, et le diable finira par l'emporter...

C'est dans cet esprit que je vous propose de lire l'âge des low tech de Philippe Bihouix, qui ne se contente pas de critiquer le nucléaire, loin de là. Constatant de façon fournie que la fuite en avant technologique ne résoudra pas les menaces qui nous pendent au nez, l'auteur étaye la thèse que la voie des high tech mène à l'impasse, d'autant que les ressources naturelles (dont le pétrole) fondent en laissant apparaître les limites de la planète dans un parfum de menace écologique globalisé. Une à une, les soit-disant solutions vertes sont proprement démontées et rendues à ce qu'elles sont : de la fumée.
L'ingénieur explore ensuite la piste des vraies solutions en s'attaquant à une palette assez large de domaines (ce qui fait la limite du livre comme le reconnaît l'auteur, car certains sujets manquent de profondeur). Vie quotidienne, agriculture, transport, travail, énergies, habitat, déchets, emplois, etc... sont observés sous un œil "basses technologies" afin d'amorcer une réelle transition vers une société vraiment durable (par contre le sujet des forêts nourricières n'est pas abordé). Avec une bonne pointe d'humour, il nous est offert un panaché de ce à quoi pourrait ressembler le monde dans 15/25ans (ça c'est moi qui le dit), pourvu qu'il soit vivable.
La première et meilleure des choses à faire, comme le revendique Philippe Bihouix, est de chercher d'abord à transformer sa façon de voir les choses, à abandonner la société de consommation et le totalitarisme marchand, et d'appliquer rapidement des solutions qu'il juge facilement recevables pour l'ensemble de la société.

Pour conclure, je disais récemment à quelqu'un qu'aller vers une société plus durable, ce n'est pas être radin mais économe. Les gens font souvent l'amalgame entre les deux. Commençons par donner et échanger ce qui ne coûte rien (à personne) mais qui servira ou fera plaisir, tout en se contentant de ce qu'on possède (d'ailleurs pourquoi absolument posséder?). Acheter le juste nécessaire redirigera l'emploi vers de vrais métiers, de l'artisanat, du concret et du local. Les liens directs, forts et sincères reprendront le dessus sur le superficiel et l'éphémère.
La "civilisation techniquement soutenable" défendue par le livre et à portée de tous.

30/04/2016

Patrick Viveret aux RDV de la cervelle (Rouen)

Je mets en avant un lien laissé par Sylvain dans un commentaire du blog, et fort intéressant. Il s'agit d'une séance avec Patrick Viveret enregistrée à Rouen lors des RDV de la cervelle. Il aborde avec philosophie la création de richesses, les limites du mercantilisme omniprésent, ainsi que quelques orientations pour nous en sortir. L'épuisement des ressources n'est cependant pas abordé. Ponctuées d'interventions distrayantes, les clés et impasses de l'économie de marché sont abordées.

12/04/2016

Auzanneau et Kempf sur France Inter

Courtes (< 10 min) mais bonnes interventions d'Hervé Kempf et Matthieu Auzanneau sur France Inter dans l'émission la tête au carré et en partenariat avec Reporterre. Lien ici.

11/03/2016

Sur la réserve - Carole Mijeon


Voici Sur la réserve de Carole Mijeon paru aux éditions Daphnis et Chloé en 2015. J’avais pris connaissance de ce roman sur le blog de Benoît Thévard, qui signe par ailleurs la préface. Dans cette histoire, la France se retrouve sans pétrole de façon assez précipitée, ce qui force le protagoniste à s’adapter aux conséquences. Même si l’idée de base est semblable à la Théorie des dominos d’Alex Scarrow que je partageais récemment, le focus sur ce monde post-pétrole est totalement différent. L’auteure, au style accessible, nous plonge avec lucidité dans les débrouilles et impressions quotidiennes de ce trentenaire, Ludovic, qui tente de survivre au choc, notamment en prenant part comme il peut aux organisations de son village. Les jours sans or noir qui s’égrainent au fil des pages sont prenants, il est difficile de lâcher prise, et l’ensemble se dévore d’une traite. Les questions sont posées : et si cela arrivait demain, comment ferons-nous pour nous en sortir ? Serons-nous préparé à un tel évènement pour survivre ? Sombrerons-nous dans la barbarie ou arriverons-nous à nous organiser de façon pacifique lorsque nos besoin primaires ne pourront être assouvis ?

Certains ont déjà repris la main sur des savoir-faire ancestraux délaissés. Certains lieux tendent vers la résilience, cherchent à nourrir, loger, soigner, distraire et produire (avec modération) localement. Mais la majorité de nos villes et villages ne le font pas, ne sont même pas au fait. Il est urgent de multiplier les transitions. Il est urgent de modifier nos comportements afin d’accorder une place de futur viable aux nouvelles générations. Anticipons la fin de l’or noir avant d’en subir la déplétion. Le pétrole nous a noyé sous ses multiples dérivés dont nous devrons apprendre à nous passer un jour ou l’autre, que ce soit choisi ou subi.

Je terminerai ce billet en citant un passage du livre : « Et si la fin du pétrole permettait à l'homme de se retrouver en tant qu'être vivant qui pense et non en tant que consommateur lobotomisé ? Et si la fin du pétrole était l'occasion de bouleverser la course effrénée à la mondialisation ? Et si la fin du pétrole était une chance pour l'humanité de repartir à zéro, de bouleverser ses valeurs, de rééquilibrer les pouvoirs... »

20/02/2016

Tout peut changer - Noami Klein




Tout peut changer, capitalisme et changement climatique, est un livre de Naomi Klein paru aux éditions Actes Sud en mars 2015. La canadienne étaye la thèse selon laquelle les problèmes environnementaux que nous connaissons et le réchauffement climatique qui s'amorcent sont directement liés au capitalisme et à l'économie de marché.
 
Après avoir apporté de solides arguments, elle pourfend la mouvance climatosceptique. Pour elle, les négationnistes du réchauffement se servent de cette idée afin de ne pas remettre en cause le système de libre marché capitaliste, car admettre la catastrophe environnementale qui a déjà commencé c'est devoir revoir toute cette machinerie pour aller vers un monde au fonctionnement beaucoup moins individualiste et moins privatisé ; c'est aller vers une réappropriation par les citoyens des biens communs tels que l'eau, les énergies ou encore le train. La principale question n'est pas d'aller totalement du tout privé vers le tout public, mais surtout d'arrêter tout système extractiviste, quel qu'il soit (pétrole, gaz, charbon, minerai, etc...).
L'auteure expose ensuite les petits détours employés par les multinationales extractivistes (polluantes) qui sont au cœur du problème, et qui consistent à financer des ONG environnementales d'envergure pour les inhiber à la source et les faire taire, voire d'être de connivence. L'autre parade menée par certains milliardaires est de se retrouver le premier à détenir la solution au réchauffement dans la croissance verte. A l'aide de scientifiques, la fuite en avant technologique propose des choix tous plus loufoques les uns que les autres, comme par exemple de limiter le rayonnement solaire en balançant du dioxyde de soufre dans la stratosphère (comme les volcans) à l'aide d'avions spécifiques. Combattre les polluants avec d'autres sans guérir le mal à la racine, en employant des moyens onéreux, tout en générant des effets secondaires qui seraient remis à plus tard...
Ensuite, Naomi Klein porte un regard un peu plus optimiste. Elle nous explique qu'en allant toujours plus loin, les multinationales extractivistes se mettent à dos des populations locales diverses qui résistent sous forme de ZAD, se retrouvant mondialement unies pour la cause environnementale. Elle expose d'ailleurs de nombreux accidents et catastrophes survenus à cause de l'extractivisme. Elle poursuit en vantant les modes de vie traditionnels et autochtones qui sont en totale opposition avec ces projets d'extraction et le système capitaliste, et que ces modes de vie vernaculaires sont totalement durables. Elle prend part également aux énergies renouvelables en les présentant comme alternative, mais n'en expose pas les limites et ne les remets pas en cause à long terme (paradoxal… ma petite déception sur ce livre).
L’œuvre continue sur la dette climatique que les pays du Nord ont envers les pays du Sud. Pour l'auteure, les pays occidentaux devraient favoriser le développement du Sud en finançant la mise en place des énergies renouvelables. Elle consacre également un chapitre aux effets de la chimie sur la fertilité en faisant le parallèle avec sa propre expérience : hommes, animaux et sol sont impactés et deviennent stériles.
En conclusion, Naomi Klein appelle à ne pas se limiter à la décroissance mais à régénérer les processus naturels qui dépérissent. Elle se réjouit de la montée de toutes parts de mouvements d'opposition au système qui dans le même temps sont porteurs d'alternatives valables et concrètes.

11/02/2016

Les saisons




Cela faisait un moment que je n'avais pas été au cinéma, et je ne voulais pas passer à côté du film Les saisons de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. Le film « raconte » l'âge d'or de la forêt en Europe, puis sa disparition progressive avec la présence de plus en plus pesante de l'homme.

Durant les premières minutes, la voix off place le contexte, puis s'éteint pour laisser une bonne heure d'images somptueuses d'animaux sauvages s'adaptant au grès des saisons. Les scènes sont magnifiques, le cadrage incroyable. Il n'y a pas un moment d'ennui dans cette nature immaculée. Tout au long de ces tranches de vie animale, l'homme devient de plus en plus présent et prend une place de plus en plus importante. Puis la voix off revient pour les 20/30 dernières minutes et narre le recul de la forêt et des animaux sauvages sous l'exploitation grandissante de ce dernier. Le message est clair et sans appel.
Considérant le film en tant que tel, il n'y a rien à redire. C'était un grand moment pour moi. De l'extase à la vue des images, c'est certain, puis j'ai été pris aux tripes sur la fin. Toutefois, cela avait mal commencé car dans les premières secondes du film, certains sponsors s'affichent à l'écran et notamment Center Parcs (ainsi que d'autres non moins repoussants...). Autant dire que mes cheveux se sont hérissés à cet instant. En effet, ce film sur la nature financé par le groupe de vacances projette un nouveau parc à Roybon dans l'Isère, avec la mise en place de 1000 cottages, et qui se fera en partie en détruisant 92ha de forêt… Un vrai sponsoring serait l'abandon total d'un tel projet. La nature aseptisée, fleurant le chlore des piscines, proposée dans ces espaces de loisir sont en réalité très loin d'offrir le moindre soupçon de vie sauvage.

Il est donc important de continuer à refuser ces multiples projets qui éliminent petit à petit toute part de nature. Car oui, un jour où l'autre cela arrivera, nous n'aurons plus que les films et documentaires financés par de grandes multinationales (afin de laver toujours plus vert) pour espérer plonger un minimum dans la vie sauvage, celle-ci aura totalement disparu de la surface de la planète. Nous ne pourrons alors plus nous délecter d'un oiseau s'abreuvant au pied d'une source d'eau fraîche, d'une biche se carapatant en entendant les craquements de branches sous nos pieds, ou encore d'un écureuil enjoué bondissant jusqu'à un tronc d'arbre.

08/02/2016

Produits chimiques : nos enfants en danger

Dans une émission un peu surfaite mais efficace, Cash Investigation signe un reportage sur les pesticides et s'attaque aux multinationales de agro-industrie. Durant 1 an, l'équipe a enquêté sur certains pesticides présents sous forme de résidus dans notre environnement, et notamment sur les maladies qui en découlent, principalement sur les enfants. Il est intéressant de le visionner jusqu'au bout car Marc Dufumier y fait une intervention très pragmatique. Pour compléter ce reportage, voir également notre poison quotidien de Marie-Monique Robin.

31/01/2016

Alex Scarrow - La théorie des dominos

Pour changer, voici un roman : La théorie des dominos d'Alex Scarrow (2007). Toutefois, pour rester dans le thème des derniers articles de ce blog, il parle de pétrole. L'auteur, dans un réalisme flippant, dépeint le monde et plus précisément l'Angleterre touchée par la fin de l'alimentation en pétrole. Coupure d'électricité, rationnement et barbarie s'installent au fur et à mesure. Le frisson et l'inconfort sont présents au fil des pages, et vont accompagner une famille dispersée qui va essayer de se retrouver au cœur du chaos. Troublant.

16/01/2016

Matthieu Auzanneau et Thomas Porcher sur LCP

Dans la lignée de précédents et récents billets concernant les analyses du pétrole par Matthieu Auzanneau (voir ici, , et ), de bonnes questions ont été discutées dans ce débat diffusé jeudi soir sur LCP (sur le replay, début vers 5'30 puis fin vers 28'). Les analyses de Matthieu Auzanneau et Thomas Porcher sur la situation mondiale actuelle et les cours bas du baril sont sans langue de bois et intéressantes.

09/01/2016

La tentation du bitume et la terre en morceaux


Il y a quelques temps je partageais un livre collectif intitulé "Paysages de l'après pétrole ?" qui faisait état de la France moche et en offrait des perspectives dans un monde post-pétrole. La tentation du bitume - où s'arrêtera l'étalement urbain ? d'Eric Hamelin et Olivier Razemon, se concentre essentiellement sur le gâchis des terres goudronnées, en détaillant les constats, en évoquant les mécanismes (habitants, élus, promoteurs, constructeurs, etc...) afin de savoir comment et pourquoi nous en sommes arrivés là. La dernière partie dédiée aux perspectives me semble un peu juste, et était plus riche (quoique plus théorique) dans les paysages de l'après pétrole. Le tout-voiture apparaît comme une cause importante, sur lequel il est essentiel d'agir pour stopper la stérilisation de nos territoires. Un livre très bien fait qui permet d'acquérir des notions dans le domaine.

Dans le même registre, sur les causes de l'urbanisation des terres agricoles, un court documentaire très parlant : La terre en morceaux d'Ariane Doublet.