30/06/2015

E. M. Forster - La machine s'arrête

A nouveau un livre visionnaire paru aux éditions "Le pas de côté" : il s'agit de La machine s'arrête d'E. M. Forster. Publié en 1909, cette nouvelle est une anticipation de l'homme qui ne communique plus qu'à travers une machine. Les contacts humains y sont quasi inexistants, sorte de prévision d'un monde où Internet et les réseaux sociaux ne seraient plus que les seuls vecteurs du langage. L'enfermement des hommes qui est décrit dans l’œuvre de Forster me rappelle Le successeur de Pierre de Jean-Michel Truong (paru 1999). Peut-être ce dernier s'en est-il inspiré ?

21/06/2015

Hervé Kempf - La crise écoLomique



J’assistais récemment à une conférence donnée par Hervé Kempf (www.reporterre.net) dont le sujet était une contraction : « la crise écoLomique ». J’ai essayé de retranscrire au mieux son discours afin de partager l’une de ses analyses.
Il y a environ 70000 ans, l’homo sapiens sapiens se répand et connaît la « révolution néolithique ». Pour la première fois, l’homme vit au travers de l’agriculture et apprend à stocker des réserves de nourritures, ce qui l’amène à s’organiser en sociétés plus sophistiquées. Jusqu’au XVIIe siècle, la disponibilité énergétique par individus resta semblable à celle de cette 1ère révolution. Les sociétés atteignaient alors les limites par rapport aux surfaces agricoles disponibles.
Un changement s’est opéré en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles avec la révolution industrielle. Une divergence de disponibilité énergétique par individus a commencé à apparaître avec une augmentation de celle-ci pour l’Europe et les Etats-Unis, où la consommation énergétique et matérielle s’est accrue et détachée du reste du monde. Plusieurs explications à cela : le charbon a commencé à être exploité et était facile d’accès (contrairement à la Chine de l’époque qui possédait de réserves qu’il était impossible d’aller chercher) ; l’Europe a bénéficié des ressources de l’Amérique : le coton (1ère industrie qui a existé et qui est venue balayer les contraintes agricoles du lin ou de la laine) ou encore le sucre. Ces gains ont engendré un cercle « vertueux » qui peut être résumé ainsi : machines, manufactures, puissance, armement, suprématie qui ont conduit à la colonisation et la révolution industrielle.
La consommation énergétique et matérielle d’un européen atteint aujourd’hui 50 fois celle d’un tanzanien, par exemple, et sur l’échelle de temps où l’homo sapiens sapiens est présent, cela ne fait que 200 à 300 ans que la disponibilité énergétique par individu est si inégale.
Par la mondialisation économique et culturelle, une convergence Nord-Sud de disponibilité énergétique par individu a commencé à s’initier, pour que la consommation énergétique et matérielle de ceux du Sud rejoigne celle du Nord. Cependant, les conditions écologiques ont complètement changé. La consommation des individus est bien supérieure à ce que la planète peut donner, la disponibilité de toutes les ressources s’amoindrie, la pollution généralisée des écosystème a entraîné la 6ème extinction massive des espèces (la dernière était celle des dinosaures), et le climat se réchauffe et occasionne déjà différents désastres.
Cette convergence de disponibilité énergétique par individu ne se fera donc pas dans ces conditions, à fortiori avec 9 milliards d’êtres humains sur la planète. Le niveau de convergence sera inférieur à celui des pays du Nord, ayant pour conséquence une baisse de consommation énergétique et matérielle. Celle-ci a déjà commencé en 2007-2008 avec la crise financière, depuis la baisse s’est opérée en occident et continuera.
Mais au sein des pays occidentaux, un clivage apparaît car le niveau de consommation diminue pour la frange la plus pauvre de la population, tandis qu’elle augmente pour la plus riche (1 à 5% de la population). Cette évolution forte des inégalités s’accentue depuis les années 1980 avec les politiques issues de Reagan et Tatcher, pour lesquelles la relation capital-travail est biaisée. S’observe alors un déplacement du pouvoir, de l’influence politique vers des oligarchies, qui empêchent les évolutions et réformes nécessaires pour réduire la consommation énergétique et matérielle.

Hervé Kempf propose alors 2 scénarios :
1- L’oligarchie conserve la clé du verrou par l’autoritarisme, la répression, le contrôle médiatique, la stigmatisation et le repli sur soi. La course aux ressources énergétiques continue, ce qui conduira fatalement à la barbarie.
2- On comprend cela et on s’organise pour s’adapter en reprenant le contrôle des marchés financiers, des banques ; on réduit les inégalités par la solidarité (redistribution de la richesse collective) et on change le modèle culturel de ce qui est désirable (faire prendre conscience de cela à la classe moyenne est indispensable car elle représente 40 à 50% des personnes) ; on libère des ressources pour une économie qui a le souci écologique et humain (« écologiser l’économie »).
Hervé Kempf conclue alors que nous avons les moyens de vivre le 2nd scénario car ça bouge. Les mouvements sociaux et populaires sont partout (exemples : printemps arabe, Notre Dame des Landes, résistance à l’exploitation du gaz de schiste, Syriza, Podemos, etc…) et rassemblent de plus en plus de gens.

12/06/2015

Fiches pédagogiques de Marie-Monique Robin

Vous trouverez en lien 30 fiches pédagogiques que Marie-Monique Robin a rédigées pour accompagner son documentaire "Sacré croissance". Simples et claires, elles permettent à tous de comprendre certains enjeux majeurs liés aux crises écologiques et économiques, et surtout de pouvoir construire son argumentaire afin véhiculer au mieux ces messages cruciaux.