31/05/2015

Léon Tolstoï - L'esclavage moderne




Je viens de terminer « L’esclavage moderne » de Léon Tolstoï, publié en 1900, et ce livre s’inscrit dans ceux qui me bouleversent, déposent des germes de questionnements au plus profond de mon être. Il m’ouvre en effet les yeux sur le travail salarié. Bien que le terme « d’esclavage » paraisse fort si on le compare aux conditions de l’esclavagisme en tant que tel, et que les conditions de travail aient largement évolué depuis la rédaction de cet essai, il n’en reste pas moins que je suis obligé de me lever tous les jours pour aller gagner ma vie, tout en sachant que cela rapporte beaucoup plus à ceux qui sont au-dessus, en occultant clairement une part de ma liberté. L’auteur le dénonce aisément, en anticipant même que l’arrivée du socialisme productif ne changerait rien à cela.
Tolstoï soulève également une question intéressante en demandant ce qui pousse l’homme à soumettre sa liberté pour en tirer un pécule à travers un labeur. Je me suis également posé cette question, et vais tâcher d’y répondre comme je peux. Dès le plus jeune âge, nous entrons pour la majorité dans un système éducatif de compétition adapté au marché de l’emploi, auquel la scolarisation répond en proposant des diplômes ajustés aux entreprises, et particulièrement aux multinationales. Un conditionnement en bonne et due forme dont le fonctionnement n’est jamais remis en cause radicalement, et qu’en tant qu’enfant immature il est impossible de déceler. Bien entendu, ce n’est pas le seul système éducatif à remettre en cause. Il y a aussi celui des parents, mais ils ont eux-mêmes été conditionnés, sont salariés, et n’ont souvent d’autre choix que de nous offrir à la scolarisation décrite ci-dessus. Pour ma part, j’ai suivi ce chemin jusqu’à l’obtention du diplôme qui m’a conduit à mon 1er travail salarié, puis arrivent les premières dettes pour l’achat d’une maison avec ma femme. Me voilà prendre conscience de tout cela en cet instant, tel un grand enfant qui croyait encore hier au père Noël, et à qui l’on vient d’annoncer que c’était une mascarade depuis tout ce temps. Par le biais de ces dettes, le verrou est posé et la liberté est entravée. Je suis bel et bien pieds et poings liés à mon travail. En effet, si je ne l’honore pas, je ne pourrais plus rembourser mon crédit immobilier, ayant des comptes à rendre à ma banque.
Quelle est donc ma marge de manœuvre aujourd’hui pour retrouver cette liberté ? Vendre ma maison et quitter mon travail ? Quels sont les risques pour ma femme et mes enfants que j’entraînerais dans mon sillage ? Pour vivre où et pour faire quoi ? Car mon diplôme universitaire ne m’a pas appris à vivre de mes mains. Sans l’entreprise qui m’emploie et ses outils techniques et de production je ne peux faire valoir mes connaissances acquises jusque mes 20 ans. Je suis par conséquent bloqué par la peur de ne pas arriver à subvenir aux besoins fondamentaux.
Je pense donc qu’il est nécessaire de revoir en profondeur le système éducatif actuel. L’école doit apprendre dans un premier temps les bases de la vie conduisant à l’autonomie, tout en apprenant aux élèves à résoudre des problèmes de la vie de tous les jours en coopération. Ensuite, dans un second temps si tel est leur choix, continuer des études plus complexes. Si je regarde dans le rétroviseur de ma scolarité, combien de notions abstraites et compliquées sont tombées dans les limbes alors que j’étais censé les maîtriser à l’époque ? Une large majorité.
Maintenant, gagner ma vie par le fruit de mon travail est toujours possible, et tout plaquer est un choix qui m’appartient (et que je dois discuter en couple). Cela demanderait des efforts considérables et la nécessité de mettre une croix sur des habitudes de vie confortables dont on ne se rend même pas compte. Suis-je prêt à vivre cela en emportant avec moi ma famille directe ? Me sens-je suffisamment réfléchi et préparé ? Certains l’ont déjà fait et on retrouvé quiétude et bonheur simple. Pourquoi ne pas commencer par regarder vers eux avant d’agir trop vite ?

18/05/2015

Globalia - Jean-Christophe Rufin

En 2004, Globalia, roman de Jean-Christophe Rufin, était publié. Je viens de l'achever et il m'a alerté, un peu à la manière du Meilleur des mondes, 1984, et bien d'autres dystopies dont j'avais déjà parlé ici. La sensation que m'a procuré ce livre (peut-être parce que c'est le plus récent dans la série de romans que j'ai mis en lien), c'est que bien que classé dans l'anticipation, il devrait plutôt être considéré comme une caricature du monde tel qu'il est.
En effet, dans le roman, la société mondialisée à l'extrême (Globalia) vit dans une bulle de verre sous forme de "démocratie" et regroupe en gros les pays occidentaux. Tout ce qui est hors de Globalia est considéré comme "non-zone". Ceci est déjà vrai lorsqu'on regarde les multiples clivages Nord-Sud. Et l'oligarchie ayant la mainmise sur Globalia - à travers les médias - entretient des menaces des non-zones (exagérées ou montées de toute pièce) afin d'aller vers toujours plus de sécuritarisme et d'entretenir cette "démocratie" aux citoyens complètement apolitiques et totalement béats.
Cela me marque, car lorsque je me retrouve parfois (très rarement) devant le journal d'information, devant les unes de la presse des médias de masse, à écouter la radio et à discuter avec des gens autour de moi, c'est exactement ce qu'il se passe. Puis, on légifère afin de facilité le renseignement... Bien joué ! C'est le meilleur moyen de continuer ainsi et de ne jamais pouvoir remettre en cause un système à la dérive, tel qu'on peut l'imaginer dans ces livres.
C'est donc à croire que ces romans, dont on dit qu'ils sont de la fiction, sont en fait visionnaires et devraient passer de mains en mains pour éclairer chacun sur la noirceur qui s'étale sur notre monde.

08/05/2015

Illichville, quel modèle de ville pour la décroissance ?

Voici en lien un rapport datant de 2011 de Fabien Costanzo alors étudiant de l'ENSASE (Ecole Nationale Supéieure d'Architectes de Saint-Etienne) qui a abordé le thème de la décroissance afin d'élaborer un modèle de cité basé sur ce concept, appelée "Illichville". Après une critique des aberrations capitalistes aboutissant aux agglomérations actuelles, il expose ensuite des bribes d'idées qui pourraient alimenter les villes post-carbone.

01/05/2015

La révolution des sols vivants

La révolution des sols vivants est un superbe documentaire de Perrine Bertrand et Yan Grill, dans la lignée de secrets des champs, qui questionne d'une part sur nos modes de production alimentaire actuels, et qui d'autre part nous montre, nous propose des alternatives. Les explications sont toujours simples et sans appel et permettent de comprendre quelques mécanismes liés à la biologie du sol.
Pour aller plus loin, le livre dont le film est inspiré "Le génie du sol vivant" de Bernard Bertrand et Victor Renaud (éd. de Terran 2009), rentre dans le détail de ces mécanismes avec un vocabulaire toujours compréhensible et explore beaucoup plus les auxiliaires vivants qui rentrent en jeu.