31/08/2014

Une autre histoire des "Trente Glorieuses"

Je viens d'achever ce livre, intitulé Une autre histoire des "Trente Glorieuses", essai collectif sous la direction de Céline Pessis, Sezin Topçu et Christophe Bonneuil avec pour sous-titre "Modernisation, contestations et pollutions dans la France d'après-guerre" sorti en 2013 aux éditions "La Découverte".
L'ouvrage retrace dans une première partie comment "modernité" et "progrès" ont travaillé leur discours par le biais d'économistes (dont le notable Jean Fourastié) en invoquant une "pauvreté millénaire de la vie végétative traditionnelle" qu'il fallait délaisser contre l'idéologie productiviste et la technique. Le livre contient également de nombreux détails sur le déploiement de la France nucléarisée (civile et militaire), qui n'aurait pu être sans ses relations privilégiées avec certains pays d'Afrique (Niger, Gabon, Madagascar). La pollution radioactive, ses dégâts sur la santé et l'art de les masquer y sont par ailleurs abordés.
Dans une seconde partie, le manuscrit évoque les premiers contestataires de ce système tels que les situationnistes (dont Guy Debord), les premières alertes de Bernard Charbonneau ou encore de Jacques Ellul ; et comment ces discours sont finalement restés marginaux. Les dégâts environnementaux sont aussi abordés, notamment sur l'air ou sur les rivières qui ont été un "mal nécessaire" à l'avènement du progrès.
Bien que certains passages méritent une attention particulière pour être bien intégrés, je ne peux que vous conseiller ce livre.

21/08/2014

Funestes vautours

Il y a bien longtemps que je n'avais pas publié quelques vers, mais les fonds vautours sévissant en Argentine m'ont un peu inspiré...

Si funestes vautours survolant les nations
Attendant l'échec en macabres tourbillons
Pas d'autre volonté que de voir s'effondrer
Sur un sol poussiéreux la proie déjà blessée

Le vol des charognards ici dans les deux sens
Dessinant dans le ciel la tournoyante danse
Qui un jour on le sait prendra place bientôt
Au sensuel contact qu'on appelle tango

19/08/2014

Le bluff du monnayeur automatique

C'est par hasard que je me suis retrouvé dans une boulangerie équipée d'un monnayeur automatique. Le principe est simple : c'est le client qui introduit ses pièces dans l'appareil et qui reçoit la monnaie, tel un horodateur.
Les entreprises vendant ces appareils vantent un gain de temps accru pour les clients, une hygiène augmentée, une "amélioration des conditions de travail du personnel" car les "vendeuses n'ont plus à compter", et bien entendu une sécurisation de la monnaie qui tombe directement dans un coffre fort.
Tout cet argumentaire semble bien huilé pour conquérir au mieux tous les commerces de proximité. Malheureusement "perdre du temps" dans une boulangerie paraît quelque peu grotesque, car c'est l'échange, la discussion, le lien social créé avec le boulanger, la vendeuse ou d'autres clients que l'on vient chercher. Installez des distributeurs automatiques de pains ultra rapides et vous verrez que les gens ne les utiliseront pas !
L'argument de l'hygiène est là encore une supercherie car le pain transite bien d'une main à une autre. De plus, nous savons bien qu'aujourd'hui nous avons trop aseptisé, ce qui a engendré des organismes plus fragiles (les microbes stimulent le système immunitaire).
Quant à l'amélioration des conditions de travail, là encore je reste coi. L'appareil ne changera pas les relations humaines (bonnes comme mauvaises) qu'il peut exister entre les vendeuses et leurs patrons, ainsi qu'avec les clients désagréables. Ils seront toujours là ! En réalité, la machine prend à nouveau la place de l'homme qui laisse son cerveau sans réflexion, en quoi cela l'épanouit-il ? Et le but ultime certainement de remplacer le personnel existant par cet appareil. Par exemple, au lieu de deux vendeuses, on peut imaginer le remplacement d'une par cet engin tout en conservant la seconde. Ce qui génère du bénéfice pour le gérant, et du chômage (comme pour tout travail manuel autrefois réalisé par les hommes maintenant effectué par les machines, sans pour autant augmenter le nombre de personnes actives puisque le chômage ne fait toujours qu'augmenter). Pour contrecarrer à nouveau ce point et pour faire transition sur le suivant, ces machines occasionnent soit un achat de 25000€, soit une location de 5400€ à l'année. Autant dire que des erreurs de caisse aussi grosses paraissent aberrantes. Le gérant se serait déjà séparé d'un tel personnel.
Pour terminer, le vol de la caisse n'est ici plus envisageable (ce qui devient psychologiquement difficile lorsque cela arrive à une vendeuse, bien entendu), mais même lorsque c'est le cas (parlons uniquement de la somme dans la caisse qui est dérobée), je me demande bien qui est le voleur au vu du coût que cette machine représente.
Encore une fois, il s'agit d'équiper les boulangeries les plus grosses. Celles qui font le plus de bénéfice pour leur donner un aspect "sécurisant" au détriment des plus petites, celles des artisans, par tout un processus de marketing bien en place, sans compter la propagande télévisuelle journalière alimentant la peur de la moindre sortie de chez soi. C'est ce qui s'appelle surfer sur la vague de la peur.

10/08/2014

A bicyclette...

Dans mon aspiration à essayer de vivre selon mes convictions, je cherche à privilégier le vélo lors des petits trajets. Par exemple, pour me rendre aux marchés ou en ville (de 6 à 26km aller/retour). Prendre la route en vélo devient pour moi un plaisir de plus en plus certain. C’est se nourrir des bonjours des gens, discuter 2 minutes lors d'un arrêt, prendre le temps de contempler les saisons qui se relaient, ou encore se poser n'importe où à n'importe quel moment, ce qui donne une sensation émancipatrice de la voiture. On se rend compte du cloisonnement et de l’individualisme provoqué par l’automobile (sans compter les autres désavantages liés à la pollution, le coût et l'entretien, la dépendance au pétrole, etc...). Un sentiment naissant de liberté.
Le réel problème quant à l’utilisation du vélo est de devoir partager la voirie avec les automobilistes qui ne sont malheureusement pas tous respectueux de la présence des deux roues non motorisées. Il y a bien entendu les voies « vertes » sécurisées qui sont plus agréables, mais j'ai la sensation de gêner lorsqu’il m'est obligé d’emprunter les grands axes. A plusieurs reprises il m'est arrivé que des bolides me frôlent... Le casque est donc nécessaire.
Au moment des vacances, nous avons décidé de partir beaucoup moins loin et de n’utiliser que le vélo comme mode de transport une fois sur place (avec un enfant en bas âge nous avons tout de même choisi la voiture pour nous rendre à l’endroit souhaité). Nous sortions les bicyclettes au minimum 10 à 20km par jour, avec deux grandes journées de 30 à 40km. Physiquement, nous n’étions pas lessivés à la fin de la semaine, sans pour autant être très sportifs. Ce mode de déplacement en vacances est donc accessible à bien plus de personnes qu’on ne le pense, où chacun va à son rythme (souvent en balade) en profitant pleinement du temps (horaire et météorologique) et des trajets que l’on optimise.
Au delà du plaisir procuré par ce type de déplacement, je suis persuadé qu'il va connaître un nouvel essor, et que bien des personnes se tourneront vers lui. Je vous laisse en lien vers le site de carfree (http://carfree.fr/), prônant un mode de vie sans voiture, ainsi qu'un lien vers les véloroutes et voies vertes de France af3v (http://www.af3v.org/).
(toutes les photos proviennent des alentours de Saint-Vaast-la-Hougue)