22/05/2014

Ne vivons plus comme des esclaves

Lien vers le film de Yannis Youlountas :
http://nevivonspluscommedesesclaves.net/spip.php?rubrique16

Pour compléter le film, il existe un beau livre photographique agrémenté de textes "Exarcheia la noire".

Ayant visionné le film lors d'une projection/débat, je peux compléter avec les propos recueillis après sa diffusion, lors des échanges entre la salle et le réalisateur (les propos ne sont pas exacts à 100% à cause de ma prise de note, mais le contenu et le fond n'ont pas été erronés) :
Il faut savoir que les armateurs grecques ont beaucoup de pouvoir, ils financent 70% de la télévision (privée, car la télévision publique n'existe plus en Grèce) ; et financent également 40% du parti néo-nazi "aube dorée". La décroissance économique a été de 30% à cause de la crise de 2008, il y a un taux de 30% de chômage avec une chute de 50% des salaires et retraites ; 38% des grecs n'ont plus de couverture sociale (elle est supprimée pour ceux qui restent trop longtemps au chômage : 1 an je crois si ma mémoire est bonne).
En ce qui concerne le "laboratoire alternatif" qui émerge après la crise, 2/3 des initiatives sont sur Athènes (Athènes représente 1/3 de la population grecque), et dans Exarcheia, "quartier" de 45000 habitants, on retrouve la moitié de ces lieux en auto-gestion, qui en font la zone autogérée la plus grande d'Europe.
Dernièrement, les partis dits "classiques" se sont effondrés, ne subsistant que par des coalitions et en changeant les noms des partis, comme pour effacer le passé.

Comparativement aux français, Yannis Youlountas soulignait que les grecques n'ont pas connu les 30 glorieuses, qu'ils sont assez débrouillards et n'ont pas connu, ou seulement récemment, le jetable et le consumérisme (par exemple la carte de paiement n'est arrivée que dans les années 80, soit environ 15 ans plus tard, ce qui veut dire que les gens "ne dépensaient que ce qu'ils avaient dans la poche"). La paysannerie n'avait pas été éradiquée des campagnes, et la petite pêche respectueuse de l'environnement était encore pratiquée (la crise a donc principalement atteint les villes). Il a ajouté également que ce pays, depuis sa "pseudo-indépendance" en 1830 a toujours connu des mouvements de protestation, de révolte, comme par exemple pour faire enlever des cartes d'identité la mention religion qui y apparaissait (pouvant générer des tensions, discriminations à chaque présentation de cette dernière). Après qu'il ait voyagé en Europe, il a constaté que seuls la France et la Hongrie ont des extrêmes droites aussi fortes. Il pense qu'en France il y a un problème de mémoire par rapport au fascisme. Un homme dans la salle a ajouté qu'ayant travaillé dans la télévision, il avait pu constater qu'elle "servait la soupe à l'extrême droite", qu'à chaque journal ou presque il en était question. Chez les jeunes également, le réalisateur constate qu'il n'y a plus trop de complexe en France avec l'extrême droite alors que c'était l'inverse il y a 15/20 ans.
A cela Yannis Youlountas insista sur le fait que cette société de consommation, qui éveille les tendances narcissiques et individualistes de chacun, rend individualiste et égocentrique. Les séries télé, la fiction, le modèle américain ont envahi l'imaginaire des gens. Pour lui cela génère également du fascisme.
Les échanges ont malheureusement été écourtés (fermeture de la salle) mais étaient riches et francs, le réalisateur très accessible et jovial, concluant brièvement sur la désobéissance civile à grande échelle.

Pour conclure à mon tour, j'ajoute que la crise qui nous attend en France risque de ne pas se passer tout à fait de la même façon qu'en Grèce. Peut-être que nous nous en sortirons beaucoup moins bien ? Il ne saurait tarder d'anticiper en trouvant un autre mode de vie pour faire face aux multiples crises (sociales, environnementales, économiques, ...) et de participer activement aux alternatives qui naissent ici ou là (en coopération, en autogestion), et en partageant le nécessaire plutôt qu'en accumulant les biens inutiles.

2 commentaires:

gorgerouge a dit…

Bonjour Mendo,
tu écris "La décroissance économique a été de 30%", en fait tu parles de la récession car la décroissance qui est la partie organisée et anticipée de la récession ne se chiffre pas : elle se décrit seulement dans sa manière de s'organiser.
Merci pour ton commentaire sur le blog de gorgerouge.

Mendo Solo a dit…

Oui tout à fait merci pour cette précision, il s'agit bien de récession et non de décroissance.