25/04/2008

M'égarer aux flots (sur Shine on you crazy diamond - Pink Floyd)

Elle me fait face. Majestueuse. Immense. Mon regard reste dans la vague. Je la fixe : elle ne cesse de mouvoir, de s’élever pour s’abattre à mes pieds. A chaque fois qu’elle repart, elle emmène un peu plus mon esprit. Elle me vide totalement. Je suis heureux de l’avoir retrouvée. Elle me manquait. Pourtant, je lui jette à la figure un nombre incalculable de ces pierres rondes, en restant cependant inoffensif. Elle engloutit ma haine et ne me la rend pas. Le son qu’elle émet en continu me fait planer, me relaxe. Je ne pourrais penser qu’à mes soucis en restant là, à la regarder, mais ce n’est pas le cas. Elle m’occupe, me capte. Je n’arrive pas à la voir dans sa totalité, elle est bien trop immense ; mes yeux naviguent donc aux côtés de ces mesquins bateaux qui tentent de l’emprunter, s’en allant au large. La brume s’est collée à elle, ce qui renforce l’atmosphère évasive du moment. Seules quelques lumières rouges percent cet épais brouillard.
Je souhaite rester là. L’envie de la quitter ne m’a même pas traversée. J’aimerais m’endormir ici dans un duvet bien chaud, et l’entendre continuer à chanter cette berceuse incomparable.
Malheureusement, je dois partir…

18/04/2008

Blanche ou noire ?

Face à cette feuille blanche, je ne sais pour le moment quoi écrire. Mais je me lance tout de même. Vais-je trouver l’inspiration ? Ma discussion va-t-elle m’emmener vers une nouvelle impasse ou vais-je enfin trouver une issue ? La musique qui m’arrive aux oreilles au moment où j’écris me berce et m’entraîne à continuer ce dialogue. Mais avec qui ? Avec toi, lecteur ? Peut être que tu n’en sauras rien. Si le contenu arrive à trouver une fin, il est probable qu’un jour tu tiennes cette feuille entre tes doigts et que mes délires te tiennent en haleine.
Là, la musique devient plus rythmée. Influences juives ou tziganes, ces notes aux connotations orientales me font garder ce tempo d’écriture qui s’accélère au fil du morceau. En parlant de musique, justement, n’est-elle pas magnifique en tout point ? Car lorsqu’il ne me reste plus rien je sais que c’est elle qui sera la dernière et qui me fera garder espoir. Il existe toujours une échappatoire à nos soucis et la réponse se trouve probablement dans l’une de ces chansons. Les sujets qui ont pu être abordés dans l’énormité majestueuse de la musique sont tellement vastes qu’il y a à tous les coups une mélodie ou un texte qui te parle plus qu’un autre. C’est là que tu rejoins la pensée du musicien ou de l’auteur et que tu rentres en parfaite communion avec lui. Tu ressens ce qu’il a ressentit au moment où il a composé. Sentiment bien plus que partagé, littéralement vécu.
Je marque une pause, j’ai un trou mais je ne veux pas me relire tout de suite. J’ai peur de vouloir me corriger alors que ce texte sera sûrement bien mieux brut. Nouvelle pause. Mon inspiration si soudaine arrive-t-elle à sa fin ? Suis-je sur le point de m’arrêter ? Ou vais-je continuer ? En tout cas je ne désire pas en finir. Je suis dans cette bulle magique, complètement imperturbable. Je sens que ça me fait du bien d’écrire. Je ressens plus que jamais le côté curatif, bien plus que les autres fois où je cherchais à créer une histoire. Il fallait que l’enchaînement ait un sens, une intrigue et du mouvement pour capter l’attention au maximum. Mais maintenant, ici, ce n’est pas le cas. J’écris en me fichant bien de la chute, aussi haute soit-elle. Je saurai en me relisant si ce texte en valait la peine, mais pas tout de suite. J’ai trop de plaisir à faire glisser le stylo sur le papier quadrillé, accumulant très certainement les fautes d’orthographe que je rectifierai une fois tout cela terminé. Toi, lecteur, tu n’en sauras rien, les erreurs auront été effacées. Tu ne pensais tout de même pas pouvoir lire un texte truffé de fautes ? Pour qui passerais-je ? Tu as raison. Je sens que tu veux me dire que seul le contenu compte en cet instant. (Et même après relecture, je ne suis pas sûr d’avoir tout corrigé dans les règles). J’aimerais que tu ressentes le plaisir que je prends à faire avancer ces phrases en souhaitant que ça ne s’arrête jamais. J’ai besoin d’écrire, de m’isoler. Cependant, quelque part, je m’ouvre finalement à celui qui me lira. Qu’en penses-tu ? Je te pose des questions. J’espère que tu me répondras après coup. En face. Les yeux dans les yeux, autour d’un verre ou deux. Ou alors, peut être qu’à ton tour tu écriras et je te lirai. Je serai là pour toi. Peut être que si tu n’es pas écrivain dans l’âme, ou si ce n’est pas ton moyen d’expression, je te donnerais envie de le faire. Qui sait ?

Je viens à l’instant de me faire interrompre et je perds le fil de ce que j’écrivais. Je ne veux tout de même pas relire ce que j’avais pu noter. Je veux continuer. Mais je sens que je suis à bout et que les idées ne viennent plus. La musique s’est elle aussi arrêtée et je ne trouve plus de nouveautés. Je vais m’arrêter et te laisser. Ca m’a fait un bien fou. Je suis soulagé. Je pense que la fin de ma soirée va être plus légère. Cet exutoire reste pour moi le meilleur moyen de me libérer de tout soucis. Je vais m’arrêter. Voilà, c’est fait.

13/04/2008

Flacon d'évasion

Je ne suis maintenant plus du tout bloqué. Sensation d’être désinhibé. L’album de The Do, A mouthful, m’enivre davantage. Incroyable sentiment d’évasion procuré par la combinaison de ces deux spiritueux. Lorsque l’alcool ou la musique me transportent individuellement, la hauteur d’échappatoire n’atteint jamais celle obtenue par leur fusion. D’où pourrait venir cette perception accrue ?

Ce flacon d’évasion, du moment qu’il est utilisé intelligemment, permet de nous lâcher. Combien de fois ai-je pu entendre cette phrase : « t’es moins con quand t’es bourré ! », adressée à moi ou à d’autres. J’ai l’impression que nos défauts sont mis de côtés sous cette emprise, et que les concessions que l’on souhaite d’autrui nous semblent insignifiantes. Nous devenons focalisés par un sujet, un débat, et nous oublions tout le reste. Nous sommes lourds des poids qui nous empêchent de vivre lorsque nous sommes sobres. Nous nous posons trop de questions sur ce qui nous tracasse alors que, détendus par cette liqueur, des solutions viennent et des soucis trop négligeables disparaissent. Le piège est justement d’en abuser, de plonger dans un malaise incurable, et de devenir insupportable.

D’où vient aussi cette imagination que l’on peut avoir dans cet état ? Est-il encore question de barrières franchies successivement à l’absorption d’une goutte de ce flacon ? Les artistes, quels qu’ils soient, auraient-il pu un jour, faire preuve de créativité révolutionnaire sans être saouls ? Avaient-ils au fond d’eux ces idées, et l’alcool les aurait libérées ? Je pense sincèrement que le flacon n’est pas le seul à penser. Il enlève le cadenas de ces chaînes dont nous ne connaissons la provenance. La société, peut être, nous conditionne inconsciemment et nous frustre naturellement quand on pense à des choses extravagantes.

Ce flacon d’évasion, bien que destructeur dans certains cas, fait rire, évade, solutionne, invente et libère. Il me paraît donc indispensable à nos vies, non seulement pour son goût.

07/04/2008

Samy Blues (nouvelle)

Samy marchait péniblement sous le soleil de plomb, le long de la route poussiéreuse. Son visage à la peau noire était marqué par la fatigue et son front dégoulinait de sueur sous le peu d’ombre que lui offrait son chapeau. Samy transportait sur son dos une guitare ; son pas était lent et lourd, il avait entamé sa marche à l’aube mais le soleil atteignait là le zénith. La vue au loin d’une ville le rassura et lui fit conserver ce rythme de galère jusqu’à son but.
Depuis que sa tante était décédée, il n’avait cessé de marcher et d’errer de ville en ville. Elle, qui se chargea de couver tant bien que mal le petit Samy, à peine né et déjà orphelin. Ses parents moururent par le travail imposé par leurs maîtres ignorant volontairement l’abolition de tels actes. A la suite de la disparition de son dernier lien de parenté, le vagabondage fut sa seule solution, bien que désespérée. Le peu d’héritage dont il aurait pu jouir aurait été pillé par les blancs, heureux de trouver là un jeune homme noir sans défense.
La ville dans laquelle il s’invita semblait agoniser sous l’étouffement de la boule de feu au rayonnement brûlant. Les façades délabrées des bâtiments et les toitures endommagées reflétaient le peu de vie misérable qui se trouvait par ici. Samy s’avançait au milieu de ce néant d’existence pour finalement percevoir une voix d’homme se laissant aller dans un chant lancinant. Son ouïe le guida et le rapprocha du vieillard qui poussait cette plainte, accompagné de sa guitare, se balançant sur sa chaise grinçante sous le porche d’une habitation. Le vieil homme stoppa la vibration des cordes avec la paume de sa main à la venue de l’inconnu.
-Qui êtes-vous ? lui lança-t-il avec méfiance.
-Je m’appelle Samy, je viens du nord, en bordure de l’Arkansas.
-Hum…
Le vieux se gratta la barbe blanche qui ressortait avec la noirceur de sa peau abîmée par le temps.
-…un jeune vagabond.
Samy remarqua le regard imprécis de l’homme aux yeux pâles qui lui indiquèrent la cécité de ce dernier.
-Que transportes-tu ? Tes pas m’ont laissé entendre une charge sur ton dos.
-C’est une guitare.
Samy lui tendit et il posa la sienne sur les planches de bois au combien craquelées.
-Je ne sais pas en jouer. C’est le seul souvenir que je tiens de feu ma tante Mary.
L’homme la saisit, la plaqua contre son ventre et se mit à caresser le bois. Il tapota la caisse du bout des doigts pour profiter de la résonance. Ses longs ongles se mirent à faire frémir les cordes qu’il accorda. Son pied lança un tempo lent et il entreprit sur un air blues :

Oh Lord,
Oh my dear Lord,
I’m here waiting my death.

They have made me suffer,
They enjoyed making me suffer,
I’m here but I’m still in pain.

I have worked hard,
Oh very hard, my lord,
I’m here and I still got that chain.

I have run away,
I have run away, and so far my lord,
I’m here but I still fell in jail.

Sa chanson prit fin et rendit la guitare à Samy.
-C’est une bonne guitare, bien qu’un peu cabossée, elle sonne mon garçon.
Le jeune homme restait bouche bée devant le vieux. Cette simple musique qui exprimait sa souffrance le prenait aux tripes.
-Pouvez-vous m’apprendre à jouer ?
-Hum…
Il se gratta la barbe à nouveau et réfléchit longuement.
-Que m’offres-tu en échange ?
-Je n’ai rien que cette guitare. Je ne peux pas vous la proposer si vous m’enseignez la musique. Je suis désolé vieil homme. Je vais devoir m’en aller dans ce cas.
-Attends ! Je m’appelle Eddy, Samy, et je pense avoir une idée. Je suis vieillissant et me mouvoir seul commence à être difficile. Tu t’occupes de moi et en échange je t’apprend à jouer de cet instrument. Qu’en penses-tu Samy ?
Samy prit son chapeau du bout des doigts et acquiesça en le hochant :
-J’accepte.

Eddy eu très rapidement la sensation que Samy avait du talent, dès les premières mises en place. Il s’accaparait de plus en plus le rôle du leader et improvisait de façon remarquable. Le calvaire que Samy avait enduré jusqu’alors se transposait dans ses doigts lorsqu’il touchait une guitare et son blues faisait mal en profondeur. Toute cette peine accumulée le transcendait harmonieusement et il s’exprimait comme jamais. Le partage, la musicalité et l’amitié entre les deux hommes comblaient le gouffre d’années qui les séparait. Tantôt, Eddy accompagnait Samy avec sa guitare, tantôt avec des cuillères qu’il frappait contre son jean usé et la paume de sa main. Cette complicité commença à attirer quelques habitants et passants qui écoutaient les musiciens racontant leurs histoires. Le porche d’Eddy devint finalement un lieu de plus en plus fréquenté. Certains y venaient pour se distraire, d’autres pour se remémorer les souffrances passées. L’audience aimait entendre Samy raconter son histoire sur un blues assommant en sol :

I was on my way,
I was on my way,
Poor vagrant,
My family just passed away.

I met a man,
I met that man, that great man,
Who played the blues,
With his guitar he taught me how to play the blues.

I am a man,
Now I am a man, thanks to the man forward,
And I play the blues, yes I play the blues,
And play music is the fate I choosed.

Puis il partit dans une improvisation sur peu de notes différentes, mais qu’il avait choisi de jouer avec beaucoup d’expression. La musique imprégnait littéralement les deux hommes qui la partageaient avec le public grandissant jour après jour.

Mais malheureusement, arriva le triste moment où Eddy ne se réveilla jamais de sa sieste. Il mourut dans son sommeil, probablement rêvant que chaque être humain puisse être en liberté. Samy ne put jouer durant longtemps. Il avait à nouveau perdu sa famille.

Un jour, bien des années après, un jeune homme vint à l’encontre de Samy. Son père lui avait raconté qu’il venait dans cette ville, après avoir besogné de l’aube au couché du soleil, pour l’écouter jouer le blues. Le garçon voulait que Samy lui apprenne cette musique et à se servir d’une guitare. Samy, attendrit par l’émerveillement du gamin, reprit donc son instrument avec bien des difficultés. Tant de technique musicale avait été perdue, mais la rengaine de son histoire ne l’était pas. Il saisit à nouveau ses marques sur le manche poussiéreux pour lui conter toute son histoire.

C’est ainsi que le blues perpétuait dans la ville et ne cessait de faire vibrer musiciens et auditoire.

03/04/2008

L'Amour

Bonsoir à tous.

Ce soir, j'ai envie de parler de l'amour. Attendez... Je met un CD.

C'est fait. La belle voix jazzy de Sophie Millman me transportera durant ce post.

Donc, l'amour. C'est vrai que ça sonne cliché comme sujet, mais c'est tellement important de parler de ce sentiment. Je pense qu'en parler aide à le comprendre, mais on ne peux jamais le connaître. J'aimerais rencontrer ceux qui veulent s'en venter.

L'amour est donc cet océan, en perpétuel mouvement, prenant force en son sein, puis venant s'étaler sur un rivage qu'il marque de son passage. C'est une façon a lui de se répendre. Mais malheureusement, l'amour-océan est parfois tourmenté, il plonge d'énormes bateaux en son fond et n'en refont jamais surface. Parfois, le bateau est balloté dans tous les sens mais tient la vague.
Comprenez-vous, vous, comment un naufrage peut arriver alors que la mer paraît calme à l'horizon. La mer se soulève d'un seul coup et engloutit le pauvre navire s'y trouvant, ne lui laissant même pas le temps d'envoyer sa fusée de détresse. Je me demande si certains bateaux, amochés, sont sortis des abîmes, réparés, puis à nouveau élancés sur cette mer...

L'amour serait donc impossible à cerner, car immatériel. Il n'existe pas de logique, de solution toute faite, de combines qui marchent à tous les coups. Personne d'ailleurs ne peut juger votre capaciter à aimer quelqu'un. Il est par conséquent effroyable d'entendre certains orienter les autres sur leur façon d'agir dans leur couple. Cet amour n'est autre que l'union des deux personnes qui se le partagent, personne d'autre n'a le droit d'intervenir.

Si je parle de cela, c'est que j'ai de plus en plus de mal à le comprendre. On croit le deviner, commencer à anticiper ses actions, et enfin il nous échappe... Mais il peut refrapper à la porte. A toi de savoir si tu vas ouvrir. Tu es le seul à connaître la réponse, comme dit précédemment, on ne peut pas te forcer à faire quoi que ce soit, c'est ton coeur uniquement qui parle.

C'était bien entendu un cliché, tout le monde à déjà eu cette sensation d'incompréhension. Tout le monde en a déjà parlé au moins une fois. Les hommes et les femmes réagissent tellement étrangement certaines fois, lorsque l'amour les unit.
Mais c'est probablement pour tout cela qu'il a du charme et qu'il nous tente en permanance. C'est ce qui le rend beau et merveilleux.

Amour, continue de remplir nos coeurs et de te répendre sur cette terre, car malgré les torts que tu peux causer, nous te souhaitons de vivre pleinement jusqu'au dernier souffle.